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REVUE DEMOSPHERIQUE
29 août 2007

Après avoir invoqué Jaurès?

Le président de la République Nicolas Sarkozy a déclaré lundi qu'un "Iran doté de l'arme nucléaire" était "inacceptable", et que la crise autour du programme nucléaire de Téhéran était "sans doute la plus grave qui pèse aujourd'hui sur l'ordre international".

"Un Iran doté de l'arme nucléaire est pour moi inacceptable, et je pèse mes mots", a déclaré M. Sarkozy devant la conférence des ambassadeurs. Cette crise autour du programme nucléaire iranien est "sans doute la plus grave qui pèse aujourd'hui sur l'ordre international", a-t-il ajouté.

"La France n'épargnera aucun effort pour convaincre l'Iran qu'il aurait beaucoup à gagner en s'engageant dans une négociation sérieuse avec les Européens, les Chinois et les Russes, et bien sûr les Américains", a-t-il ajouté.

La France a une "entière détermination dans la démarche actuelle, alliant sanctions croissantes mais aussi ouverture si l'Iran fait le choix de respecter ses obligations", a déclaré M. Sarkozy.

"Cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran", a-t-il dit.
Extrait de Le Monde-26 août 2007

Et si tout devenait possible? Et si, dans un délire ultime, notre président souhaitait imprimer sa marque jusque dans les cimetières iraniens?

Je suis d'une génération de paix, d'une génération pour qui la guerre et la mort ne sont qu'images. Images figées sur papier glacé, images de corps calcinées bien au delà des frontières de nos imaginations. La guerre n'est en effet pour nous qu'un mot d'histoire, un mot que nous utilisons pour décrire une période, un régime, un état lointain, hors de portée et de pensée. Ce terme, au même titre que "famine", "disette", "grenade", "bombardement"... nous nous en repaissons à chaque repas, matin, midi, au soir, en visionnant le sacro-saint JT. Et pourtant...

Mais qu'entendons-nous alors? Que comprenons-nous de ces images et du visage attristé de Claire Chazal ou de notre PPDA national? Assurément, nous comprenons que l'empathie est de rigueur. Nous saisissons également que l'affaire est grave, dramatique. La théâtralisation joue son rôle, l'émotion empare les foyers : il y a des morts.
Puis le sujet change, la mine du journaliste s’égaye pour évoquer premier le chassé-croisé des vacances. Ainsi va l’information… Sur nos écrans, les morts ne sont plus morts. Ils sont simplement un reportage. Pourquoi porterions-nous sur nos frêles et jeunes épaules la misère du monde?

Mais ce n'est pas la misère du monde que nous portons sur nos épaules, ni même son désespoir. Ce n'est ni plus ni moins que son équilibre, son existence, son espérance.
Nous, Français qui n'avons pas connu la guerre (Dont M. Sarkozy, né en 1955), que savons nous de l'horreur des charniers, de la carne calcinée dont l'odeur se répand et s'immisce au cœur des maisons, au cœur des hommes? Pouvons-nous seulement nous figurer notre famille décimée, notre corps mutilé, nos organes irradiés, nos vies et nos visages défigurés?

Non... Nous ne le pouvons pas et nous ne le pourrons, je l'espère, jamais. Mais pour cela, nous devrons nous aussi nous battre : la paix est un acquis. Elle n'a rien d'inné. Combien de morts en son nom? Peut-on balayer leur sacrifice, bafouer leur mémoire en balançant vulgairement "Cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran". Ces mots ne sont pas que des mots : ils sont des morts.
Alors NON ! Tout ne sera pas possible. Car la paix - comme la guerre - nous engage tous. C'est donc à nous tous de nous opposer à son déni.

"Il est plus facile de faire la guerre que la paix". Georges Clemenceau Extrait du Discours de Verdun - 14 Juillet 1919

« La guerre, c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force. » George Orwell . 1984

« La paix n'est qu'une forme, un aspect de la guerre : la guerre n'est qu'une forme, un aspect de la paix : et ce qui lutte aujourd'hui est le commencement de la réconciliation de demain. » Jean Jaurès

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